breched

Come into my world

écrit le Jeudi 26 avril 2007 à 17:37

    Une lettre, retrouvée au cours d'un de mes ménage par le vide. Une lettre jamais envoyée. Peut-être que j'aurais dû, peut-être que non ... Une lettre qui date d'un an environ. Pourquoi vous la mettre ? Pourquoi la relire maitenant ? Un acharnement ? Ma mère m'a un jour  dit que je ne voulais pas être heureuse. Mais hier, il a appellé et ces longs silences, ces phrases pour combler le vide m'ont donné le tourni


Cher papa

    J'ai choisi la lettre, car je ne crois pas avoir la force de te dire ces mots en face. Je t'aime. Malgré tout le mal et la déception, que je t'ai donnés et que tu m'as donné, je t'aime. Rien ne pourra changer ça
    Je me suis battu pour toi, papa. Ce dernier mois sous ton toit tout particulièrement. Je sais que tu ne le reconnaîtras pas. Que tu ne l'as pas vu. Mais j'ai pourtant fait des efforts. Me lever avant dix heure, maintenir ma chambre rangée et propre, aider à la cuisine sans que l'on me l'ai demandé, me proposer pour le pain et d'autres courses et être sociable. Et quand P* (ma belle-mère) a eut son opération, je l'ai aidé du mieux que j'ai pu. Même quand j'avais les mains gonflées comme des ballons de football et que ça me faisait un mal de chien. Même quand j'aurais préféré rester dans ma chambre, blottie au fond de mon lit et dans le noir, toute seule
    Mais j'ai fait ces efforts, même si tu ne les as pas vu. Je n'attend pas de merci - c'était normal - mais seulement que tu les reconnaisses
    Je regrette ce geste que j'ai eut papa. J'ai voulu qu'elle se taise, mais plus aucuns mots ne pouvaient sortir de ma bouche tellement j'avais la gorge nouée par les sanglots. J'avais des larmes sur mes joues comme toutes les autres fois où P* me parlait ainsi, comme toutes les fois où j'ai voulu vous dire à quel point vous vous trompiez sur mon compte tout les deux

    Je voulais prendre sa main, mais il y avait son bandage, alors je lui ai donné un coup. J'ai retenu ma main, papa. Je voulais lui faire mal c'est vrai. Aussi mal que ces mots, aussi mal que sa dernière phrase, mais j'ai retenu ma main. Tu dois me croire. Je savais qu'elle était handicapée. J'ai retenu mon coup
    Alors oui, je m'excuse. Auprès d'elle et auprès de toi. Mais je pense aussi avoir droit à des excuses. Peut-être que par cette lettre, je gâche tout. Peut-être que j'aurais du m'aplatir comme je l'ai toujours fais, mais je ne peux plus. Je n'en ai plus la force
    J'ai aimé P* pendant longtemps, papa. Ça n'a pas été comme pour R* (mon beau-père). Et j'aime me souvenir de P* comme la femme qui m'a ramené le petit poney rose, que j'avais oublié chez elle. Comme la personne qui m'a donné mon tout premier polypocket. Celle qui m'a appris à skier et à pratiquer le ski-bar. Celle qui m'a fait ma première couleur, même si ce n'était qu'une mèche. Des vacances en Corse. Elle était mon exemple féminin, plus que maman, qui ni connaissait pas grand-chose en la matière. Elle était vraiment ma "belle-mère", ma deuxième maman
    Je ne sais pas ce qui a dérapé. Si c'est moi ou elle, qui a commencé. La question n'est plus là maintenant. Tu a été surpris quand maman t'as avoué, que mon geste à moi ne l'avais pas surpris, elle. Mais ça fait des années que ça avait changé, papa. Depuis que D* (la fille de ma belle-mère) est partit de la maison à mon avis, même si L* (mon frère) pense que c'est surtout depuis la mort de mamé ( la mère de ma belle-mère). Je sais que la perte d'être chers est douloureuse. Je l'imagine en tout cas. Mais déjà avant c'était dur. Et ça n'excuse pas tout
    J'ai toujours eut l'impression que l'on m'attendait au tournant avec vous, que quoique je fasse, je serais en faute. Que quoi je dise ou pense, je serais en tort. Comme si P* attendait la moindre de mes fautes. C'est bien simple, la seule chose qui ait eut l'air de vous faire plaisir, depuis ces six dernières années, c'était le théâtre. C'était la première fois que je voyais tes yeux briller et que les compliments de P* avaient l'air véritablement sincères. C'était aussi la première fois depuis longtemps, que je te voyais prendre ton appareil photo pour m'immortaliser. On ne peut pas vivre ainsi, papa
    J'ai eut mal toutes ces années. Chez maman, c'était horrible avec R*. Lui aussi me faisait mal avec ces mots. C'était comme des brûlures cuisantes. Mais je me suis tu pour toi et pour elle. Parce que c'est eux, que vous aviez choisit pour être heureux, même si j'avais la sensation qu'ainsi j'avais été relégué au second plan. Comme si on m'avait lésé de quelque chose. Du droit à avoir une famille
    Mais je ne vous en veux pas. J'ai des amis dont les parents sont toujours mariés et se déchirent tous les week-ends. Je préfère que vous vous soyez séparé plutôt que d'être resté ensemble pour L* et moi. Je connais ma chance
    Mais j'ai eut mal. Mal à en crever, papa. Je crois que j'ai pensé pour la première fois au suicide en quatrième. Je n'ai rien dit, mais à l'époque un petit malin de ma classe s'amusé à me persécuter pendant les cours de musique. Je ne sais pas pourquoi, mais il y en a toujours eut dans mes classes, qui me prenait comme tête de turc. Sauf que celui-là m'a vraiment fait mal dans mon être. Et quand je rentré le soir avec le cœur lourd, j'allais crier et pleurer un coussin contre mon visage, pour pas que vous m'entendiez. Mais je n'ai rien dit. Je me suis concentré sur mes études, pour qu'un jour vous soyez fier de moi comme vous l'étiez de L* ou de D*, et j'ai chassé mes mauvaises pensées de ma tête
    Elles sont toujours restées là papa. Tu dis que je ne me bats pas, mais il m'en a fallu de l'énergie pour les repousser. Et plus le temps passé et plus elles revenaient C'est comme ça que j'ai commencé à avoir le "vertige". Parce que j'avais peur de ne pas pouvoir me retenir de sauter. J'y avais pensé. Ainsi qu'au médocs, c'est de la que viens mon aversion des traitements thérapeutiques. Puis bien sur, j'ai pensé au rasoir, mais j'avais bien trop peur de la douleur. Je me souviens avoir dit à mes amies que j'étais trop lâche, même pour ça
    J'ai tenu environ deux ans ainsi. Mais en Vendée, ça allait si mal. Je me sentais tellement seule et abandonnée, que j'ai de nouveau faillit craquer après être tombée par hasard sur les lames de Rodolphe. Maman ne l'a jamais su et j'ai été interné à Vontes juste après. Quand j'en suis sortit j'étais heureuse, si heureuse, que je pensais que rien ne pourrait me résister et que plus jamais je n'y penserais. J'ai l'ai cru pendant près d'un an. Même quand je me voyais décliner
    Mais je me suis battu. Même si ce n'était pas visible, je l'ai fait. Je me suis battu contre moi-même. Contre cette bête en moi, qui me dit que c'est là le seul moyen de ne plus avoir mal et de ne plus vous encombrer et vous décevoir vous tous. Qu'il n'y a pas d'autres issus et que rien n'ira mieux
    Plus j'allais mal, plus il me fallait de force pour me battre contre elle, moins j'en avais pour faire le reste. C'est pour ça que tu dois comprendre l'effort que ce dernier mois chez toi a exigé de moi. Si tu mets par-dessus les trois jours que j'ai du passer chez L* à votre retour de Nouvelle Calédonie, alors que je n'avais qu'une envie : te revoir, et le stresse du BAC, tu peux comprendre à quel point j'étais à bout de nerf ce jour là
    Ce n'et pas peut-être pas un excuse tout ce que je viens de te dire. Et peut-être que la dureté de P* et le fait que tu ne l'ais jamais contredit sont faux. Mais pour moi, ils sont mon excuse à vous deux
    Mais tout ça n'est pas fini. Je ne sais pas, si un jour tu comprendras à quel point les autres et leur regard me font mal. A quel point leur jugement est pire qu'un un anathème pour moi. A quel point ça me rend malade. Mais tu dois savoir que ce n'est pas fini
    Car aujourd'hui encore tu me dis que j'ai renoncé. Que si je réagissais, j'irais mieux. Le problème vois-tu, c'est que la bête a de nouveau gagné, papa. Et que j'ai beau me dire que c'est faux, mais la seule lumière au bout du tunnel, que je vois, n'est pas celle de la liberté, comme vous le croyez maman et toi
    Tu sais la chute que j'ai faite, quand je me suis blessé le bras, c'était ça. J'avais pris un de mes rasoirs jetables pour commettre l'irréparable. J'ai eut peur et j'ai ressentit le besoin de parler à mes amis de la clinique. J'ai courut. Je suis tombé. Deux jours plus tard, j'ai cassé l'un des rasoirs pour récupérer les lames et je me suis entaillé tout le poignet gauche, dans l'idée d'en finir. J'ai eut trop mal et je me suis rendu compte que je voulais toujours autant vivre. Même s'il n'y a plus aucuns espoirs pour moi
    C'est comme ça que l'hospitalisation est à nouveau venue sur le tapis

    Tu dis que je ne me bats pas, papa. Mais c'est- faux. Je me bats tous les matins dès l'instant, où je réalise que je suis encore vivante, et que je vais encore vivre cet horrible quotidien qu'est ma vie. Parce que je ne veux pas vous faire de peine à maman et toi. Mais je n'en peux plus. Tu dois comprendre ça
    Je me bats, papa. Pour qu'un jour tu sois à nouveau fier de moi, comme en mai dernier, et que tu me prenne encore une fois dans tes bras comme sur cette photos de nous deux que j'aime tant
Essaye de me comprendre. J'ai besoin de ton amour
Je t'aime
Ta fille M*****

Par C-la-vie-pas-le-paradis le Jeudi 26 avril 2007 à 19:45
C'est trop bête.
J'ai les yeux qui piquent.
Dans tes mots j'entends crier une souffrance qui n'est pas la mienne mais que je connais bien.
Pour l'avoir cotoyé de près, avec ma cousine.
Elle a fait une tentative au début de l'année. Grâce à tes mots je comprends un peu mieux ce qui se passe dans sa tête, et je comprends aussi que le chemin est encore long jusqu'à sa guérison, jusqu'à la tienne et jusqu'au bonheur.
Que le monde est dur.
:s
J'espère que tu trouveras le bon chemin. Et que tu auras pour la vie le même sourire que sur cette photo.
Par DeathZone le Vendredi 27 avril 2007 à 10:33
Koukou !

J'ai envi de laisser un petit commentaire. Déjà pour te remercier de ton soutien quand ça allait pas, paske ça va un peu mieux même si y a pas mal de phase, encore, où je plonge très très bas.

Déjà, je suis surprise de voir qu'on a habité au même endroit, parce qu'avant le déménagement, j'habitais en Vendée. De plus, je voulais te dire que je comprend ce que tu as écr'it dans cette lettre. Pour en avoir vécu une petite partie. Pour en avoir cotoyer une autre.

Alors encore merci pour tout et bonne chance à toi. C'est souvent peu, mais les paroles des autres, même ceux qu'on ne connait pas, aident à guérir les blessures même les plus profondes.
Par celuiquiplane le Jeudi 3 mai 2007 à 22:52
C'est la première fois que j'ai les yeux qui piquent autant après avoir lu un article de blog. Je ne connais pas la souffrance que ça peux représenter car même si j'ai toujours au fond de moi des idées de saut par une fenêtre ou de rasoir sur les veines le bête en moi est bien faible et ma vie est forte très forte. Mais je tenais à te féliciter pour le combat que tu mènes et le courage que tu as d'en parler, de le mettre aux yeux de tout le monde.Et je tenais aussi à dire que verser des larmes est un aussi bon traitement que des médocs et qu'il faut pas cacher ses cris, il faut les libérer, tu verras ça soulage.En tout cas bon courage et surtout ne perd pas ton combat, garde la lumière face à tes yeux.
Par Tell-me le Mardi 8 mai 2007 à 10:59
C'est tellement magnifique. Je ne me suis jamais autant reconnu dans ta lettre, surtout quand tu parles de ta belle-mère. Ma solutioni à moi n'a pas été la même, je n'ai meme pas eu le courage de fuir de chez moi. Plantée devant mon portail, je pensais partir, aller loin d'elle, de ses mots sarcastiques et de sa tête, loin de cette femme qui s'était incrustée dans ma vie, qui avait tant changé mon père. Lui non plus ne disait rien. Il voyait très bien que je souffais, mais il n'a jamais bougé le petit doigt pour s'interposer entre elle et moi. J'ai bien eu envie de lui dire ses quatres vérités un jour, de lui envoyer un claque. Mais je ne l'ai pas fait, par rapport à mon père. Meme si je sais que de ce côté là il n'est pas avec moi, sa position ne doit pas être facile. Surtout que depuis qu'il s'est marié, il y a 6 mois environ, la vie chez lui est de plus en plus intenable. Il y a une espèce d'ambiance lourde, de tension... Pas d'amour. Il n'y a jamais eu çà dans cette maison, je ne l'ai jamais aeperçu entre mon père et elle. Va savoir ce qui se passe dans leurs têtes. Toutes les choses qu'Elle peut me reprocher, nous reprocher parce que ma soeur aussi en souffre, elle ne dit rien mais je vois bien qu'elle n'est pas à l'aise, toutes ces petites choses si bénines, toutes les remarques possibles et immaginables sur une quelconque chose, elle nous les reproche. A longueur de temps. Et çà continue encore, une semaine sur deux. Mais la pression commence à devenir trop lourde. Je ne sais pas quoi faire, je ne vais pas aller lui parler, à elle, pour lui dire "tu sais en ce moment je peux plus te supporter. C'est bête mais on va devoir vivre comme çà!"
Le seul moyen que j'ai trouvé, c'est en parler à ma mère. C'est délicat, je sais, mais c'est la seule personne qui peut vraiment comprendre. Après, on verra comment çà évolue.
Ca m'a fait de bien de parler à travers un commentaire =)
Merci
Bisous bon courage <3
 

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