écrit le Jeudi 22 février 2007 à 21:50
Visuel Audtif Kinesthésique Olfactif Gustatif
1ère consigne : faire un tableau à deux colonnes. Dans la première, mettre des premières fois, réelle ou imaginaire (ces éléments resteront personnelles = non lu). Dans la seconde faire un descriptif rapide du lieu
2ème consigne : Lire deux des descriptions de lieu (les "première fois" s'y reportant seront mise de côté pour la suite de la séance)
- Dans la salle de bain de mon logement étudiant. Seule. Un soir. La musique hard rock du voisin en arrière fond
- Peut-être en classe de Cm1 ou alors dans ma chambre, sur mon petit bureau encombré de pots à stylos dont la plus part ne fonctionnaient plus
3éme consigne : assigner un sens prédominant pour chacune des "premières fois"
4éme consigne : écrire un texte parlant d'une des première fois en vous basant sur le sens, que vous lui avait attribué
Ça devait être un mois d'août
ou de juillet. En tout cas s'étaient les grandes vacances, celles entre ma
sixième et ma cinquième. J'avais donc douze ans. J'étais en Corse avec mon père
et le reste de notre tribu recomposé.
Il faisait très chaud. J'avais un mini-short en jean, un débardeur rose et des tongs. Les vraies tongs. Vous savez !
Semelle en caoutchouc noir, avec des lanières couleurs arc-en-ciel. Ma peau
était noircie par le soleil et ce dernier, conjugué au sel, avait blondit mes
chevaux, que je portais alors mi-long.
C'était entre midi et deux, on s'était
arrêté dans un Coccinelle pour faire le plein de notre frigidaire et de quoi
faire un super pique-nique. Des concombres, des tomates, du maïs et des
pattes multicolores pour la salade, des petits paquets de chips et des pèches juteuses, que l'on
mangerait sur une air d'autoroute ou au camping sur la table pliante rouge, dans
des assiettes en carton blanc et notre "sublime" service en plastique bleu
transparent. Les vacances quoi !
Et soudain, je l'ai vu. Il reposait sur un
minuscule présentoir en fer vert gris. Ce sont d'abord les couleurs de la
couverture qui ont accrochées mon regard. Principalement dans les tons de bleus et de
violet, hormis quelques taches de couleurs chaudes. Puis en m'approchant, le
dessin devint plus précis. Que faisait ce dragon mâchoires béantes entre deux
couvertures noires de policier et les autres couleurs pastel des arlequins et
romans de gare ? Intriguée, je l'ai saisi et l'ai feuilleté. Il y avait le
carton et le papier sous mes doigts et leur odeur de neuf. Ça m'a plue. J'en ai
lu l'arrière, avec curiosité. Quelques mots, qui semblaient chanter à mes
oreilles.
Ma belle-mère était déjà à la caisse. Je ne me souviens plus des mots,
que j'ai employé pour la convaincre, mais je suis sortie du magasin, ce livre
serré contre moi, dans un soleil d'été.
5éme consigne : écrire un texte parlant d'une des première fois en vous basant sur les 5 sens = le VAKOG.
Plus que quelques minutes
avant le début. Je sais, que je n'apparais pas avant le deuxième tiers du second
acte, et que j'ai donc en fait encore une bonne demi-heure devant moi, mais j'ai
tout de même le tract.
Dans les vestiaires du gymnase, qui se sont transformés
en coulisse pour l'occasion, règne un fouillis invraisemblable. Des vêtements
de ville se mêlent aux costumes de théâtre. Une Jocaste à demi-maquillé,
portant une perruque de Cléopâtre apparaît, l'air angoissé, et tenant un crayon noir à
la mine cassée. Tirésias est assis contre le mur, en position zen, les yeux
clos. Il sent le talc, qu'il s'est mis dans les cheveux pour se vieillir.
Dehors, des gardes fument une cigarette avec le fantôme de Laïus, pour se détendre, et rient nerveusement. Je n'entends
que les murmures de leur voix, qui filtrent par la porte donnant sur la cour.
Le bruit des spectateurs couvrent leur voix, mais laisse entendre un son de
guitare au loin. Sûrement notre Oedipe qui change les idées du sphinx et de mon fils. Ils n'entrent qu'au
deuxième acte, tout comme moi. Je me demande où sont passé Anubis et l'ivrogne, alors que je vais pour la quinzième fois aux toilettes.
J'ai les mains moites et mon châle me colle à la
peau. Il me gratte et irrite mon cou. Je n'arrête pas de la repousser mais
il revient toujours. Je bois un peu d'eau à une bouteille. On ne peut pas
utiliser les éviers, car l'eau dans les canalisations fait un boucan d'enfer. Elle
est trop fraîche et a le goût de mon rouge à lèvre. Yerk ! Impossible de me
détendre. Comment vais-je faire ?
Notre metteuse en scène de CPE débarque en
trombe. Elle rassemble ceux qu'elle peut d'entre nous. Nous demande de nous
calmer et surtout de donne e meilleur de nous-même, puit repart à son post,
derrière la table de contrôle des spots.
Trois coups secs retentissent. Les lumières et les conversations
s'estompent peu à peu dans la salle. Nous sommes tous fébriles. Les coeurs commencent et mettent en route la machine infernale. Nous nous blottissons derrière les tentures noires, qui entourent la scène, et épions nos camarades entres les interstices. Les dialogues s'échangent, les acteurs jouent et évoluent sur la scène. Mon tour va bientôt arriver.
J'ai l'estomac
encore un peu noué, mais je suis prête. Qu'importe le publique, si j'oublie mon
texte, le costume. Je suis prête.